Les plages sont de longs et tristes cimetières
Troués par des tombes creusées pour leurs otages
Aux corps tout émaillés de nacre et de calcaire,
Enterrement marin d’un ténébreux voyage.
Notre amour est monté des océans d’orage
Et se rend démonté à la terre dernière.
Viennent s’échouer des peuples de coquillages,
Guerriers offrant leurs inutiles armures
Au musculeux désert fumant de moisissures,
Enterrement marin d’un ténébreux voyage.
L’encre des abysses laisse des tatouages
A nos souvenirs bleus comme des meurtrissures.
Les plages sont de longs et tristes cimetières
Exposant leur affreux charnier de pourriture
Sous la grimace de la lune funéraire,
Les vieux cadavres sont leur seule nourriture.
Se dévident dans l’eau dans un épais murmure
Notre corail sanglant, notre cœur, nos viscères.
Les vagues exsangues, leurs pâles chevelures,
Amassent, mâchent, les carcasses des naufrages
Sur les lèvres noires des macabres rivages,
Les vieux cadavres sont leur seule nourriture.
Notre amour soignera ses obscures blessures.
Notre amour est monté des océans d’orages.