Entre notre courage et notre désespoir, Entre nos crimes et nos tristes servitudes, A chaque pulsation de notre provisoire Artère s’élabore notre finitude. Atrides, c’est encor hier que nous mourrons. Entre nos rires et nos plaintes invariables, Notre jeune saison et l’hiver faiblissant, – Pourtant l’infini est-il souvent périssable ? – Nous portons notre mort
CategoryEau de sel (1992-2000)
Post-coïtum
Crevons-nous les yeux et recousons nos paupières ! Notre âme, du manteau de viande dévêtue, Se digère dans la bile de l’absolue Renaissance, saignant des gorgées d’hier. Clouons un baîllon sur les lèvres des chimères ! Le trépas n’est qu’une greffe trop attendue Des nuits mécaniques où nous avons vécu sans méfiance, escomptant cette mort mensongère.
Démence
Enfer démesuré de ma fièvre enjôleuse Brûlé par le parfum opalin, obsédant, qui coule dessus nos corps trop mûrs et béants, Je pressens la fourrure à la folie spumeuse. Mais voilà qu’écrasent sans remord mes trompeuses mains ta gorge qui crache un gargouillis sanglant. Ah, comme tu aurais dû de l’enlacement te méfier, au
Nécropole océane
Les plages sont de longs et tristes cimetières Troués par des tombes creusées pour leurs otages Aux corps tout émaillés de nacre et de calcaire, Enterrement marin d’un ténébreux voyage. Notre amour est monté des océans d’orage Et se rend démonté à la terre dernière. Viennent s’échouer des peuples de coquillages, Guerriers offrant
Magnétisme carnivore
Deux amants glacés de rose comme un glaïeul Se seraient retrouvés sous la couche lubrique. Leurs cadavres saoûlés de mouvements rythmiques Ressuscités auraient aimé dans ce linceul. Terminés les jeux de notre viande élastique, Nos corps auraient gardé la pose magnétique. Je serai resté mort en toi vivant cercueil, Fleurs de chair recrue ne
Wagon 38
Derniers baisers d’adieu A travers une glace. Nos longs regards pluvieux Se sont dissolus dans l’espace. Le train a avancé Traînant l’ombre que j’aime Sur le rebord du quai. Se quittent nos visages blêmes Sans voix s’en vont les rails, M’arrachant les entrailles. Ces rails qui, sûrement, Vont voyager à mes côtés,